Benin: L’ONU appelle à investir dans la lutte contre la malnutrition, un frein au développement
Cotonou, Benin, 24 Février 2015 - A l’occasion du lancement du Rapport sur la Nutrition Mondiale, les agences du Système des Nations Unies et les membres d’organisations non gouvernementales ont appelé à investir dans la nutrition et instaurer une culture de redevabilité sur les politiques mises en œuvres.
Intitulé Mesures et redevabilité en vue d’accélérer les progrès mondiaux en matière de nutrition, le rapport compile les données de 193 pays. Les conclusions sont inquiétantes : la quasi-totalité des pays présente des taux élevés de malnutrition. Sur 120 pays disposant de données comparables, tous connaissent au moins l’une des trois formes courantes de malnutrition : un retard de croissance chez les enfants de moins de cinq ans, une anémie chez les femmes en âge de procréer ou une surcharge pondérale chez les adultes.
« Le Bénin fait partie des pays les moins avancés dans la réalisation de progrès en matière de nutrition. La malnutrition entretient le cycle de la pauvreté, maintien des pans entiers de la population dans une situation de vulnérabilité et menace la prospérité. Elle prive le Bénin de ses forces vives et hypothèque le développement du pays », a souligné la Représentante de l’UNICEF au Bénin, Dr Anne Vincent, Chef de file des partenaires du mouvement SUN, lors de la cérémonie de lancement du rapport.
Dans son discours, le Ministre du Développement, de l'Analyse Economique et de la Prospective (MDAEP) M. Marcel de Souza, a reconnu l’importance du rapport indiquant que chaque dollar investi dans la lutte contre la malnutrition rapportera en moyenne 16 fois plus. Il a souligné la nécessité de créer des synergies entre tous les acteurs pour accélérer les progrès en matière de nutrition.
La malnutrition chronique débute dans les 1.000 premiers jours de vie de l’enfant c’est-à-dire les neufs mois de grossesse et les deux premières années de vie. Elle affecte le développement du cerveau, un handicap qui sera définitif et qui limitera les chances des enfants d’atteindre leur plein potentiel. Dans 17 pays on compte 468 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrant de retard de croissance, émaciation et de surcharge pondérale. De plus, le rapport précise que 45% des décès des enfants de moins cinq ans sont imputables à la sous-nutrition.
« Il faut une intensification des efforts et engagements mesurables en tenant compte des contextes propres aux différents pays. Pour y arriver, le développement de meilleurs mécanismes de redevabilité et de systèmes d’informations ainsi que l’amélioration de la transparence et de la participation sont nécessaires », a dit le Représentant de la FAO au Bénin, Dr Tiemoko Yo.
L’Assemblée Mondiale de la Santé (AMS) a défini six objectifs que les pays doivent atteindre pour améliorer la situation :
Réduction de 40% du nombre d’enfants de moins de cinq ans souffrant de retard de croissance ;
Réduction de 50% de l’anémie chez les femmes en âge de procréer ;
Réduction de 30% de l’insuffisance pondérale à la naissance ;
Pas d’augmentation de la surcharge pondérale chez les enfants de cinq ans ;
Augmentation du taux d’allaitement exclusif pour atteindre au moins 50% ;
Réduction durable du taux d’émaciation chez les enfants à moins de 5%.
Sur 99 pays, seul un pays est en bonne voie d’atteindre quatre objectifs, trois autres en atteindraient trois, 20 en atteindraient deux et 71 pays stagneraient entre zéro et un objectif. Malheureusement le Bénin n’en atteindra aucun selon les auteurs du rapport.
Le Président du Conseil National pour l’Alimentation et la Nutrition (CAN), M. Tossa a pointé l’impact économique de la malnutrition sur les pays précisant qu’elle entraine une perte de 11% du Produit Intérieur Brut (PIB).
Représenté par un membre de son équipe, le Représentant du PAM au Bénin, M. Housainou Taal a faire savoir que pour traiter efficacement la malnutrition chronique, une réponse commune et multisectorielle est nécessaire et qu’investir dans la nutrition n’est pas seulement important pour la santé et l’éducation mais aussi pour l’économie béninoise.
Parmi les solutions énoncées durant les débats de la table ronde figurent :
Améliorer la coordination multisectorielle au niveau national et international ;
Investir dans la production de données fiables ;
Instaurer une culture de redevabilité et contraindre les Gouvernements et les bailleurs de fonds à rendre compte de leurs engagements ;
Augmenter les investissements visant à améliorer les facteurs sous-jacents de la nutrition ;
Elargir la couverture des programmes spécifiques à la nutrition à un plus grand nombre de personnes dans le besoin.
Etaient également présents des représentants de la Banque Mondiale, Action contre la faim, Plan Bénin, la GIZ, la Coopération Suisse.
Pour plus d’informations visitez les sites UNICEF , FAO, PAM .
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